Deux vétérinaires liégeois réduisent l’empreinte carbone des vaches grâce à l’IA
Article03 December 2024

RumeXperts, c’est avant tout la rencontre de deux assistants à la clinique vétérinaire de l’ULiège, Anne-Sophie Rao et Léonard Theron. Tous deux sont spécialisés en médecine de troupeau : en clair, un individu malade cache sans doute un problème plus global. « On a alors commencé à analyser les données plus finement et a constaté qu’on arrivait à prédire quand un problème allait survenir », se souvient M. Theron.

Pour réussir cette prouesse, les deux vétérinaires, aujourd’hui installés à Awans, utilisent toutes les données dont ils disposent. Et elles sont nombreuses quand elles concernent la vache, « qui est sans doute l’animal le plus connecté. On connaît la composition du lait de l’animal, celle du lait des tanks, mais on a aussi les données météo et on en génère nous-mêmes grâce à des capteurs. »

Pour les éleveurs

Dans un premier temps, ils lancent donc un service d’alerte qui permet aux éleveurs d’optimiser leur rendement en prévoyant les maladies qui risquent de nuire à leurs troupeaux.

Mais l’an dernier, les deux vétérinaires ont décidé de s’intéresser également à un autre aspect : l’empreinte environnementale de ces vaches, que l’on accuse régulièrement de nuire à la planète à cause du CO 2 qu’elles produisent. « On a pris une vingtaine de fermes et on a généré leur valeur environnementale en équivalents carbone, détaille Léonard Theron. Puis on a regardé ce qu’on pouvait faire économiser grâce à notre système d’alerte. » Résultat : une baisse significative de la production de CO 2 sur un an !

Comment ? En optimisant le moment où l’animal devient « utile », en réduisant la mortalité infantile ou le « food waste », soit le gaspillage de lait ou de viande qui résulte de la mise à l’écart du marché de ce qui est produit par un animal malade ou encore en améliorant l’alimentation du troupeau, « car quand une vache produit du méthane, c’est lié à la digestion. »

Puits de carbone

Grâce à toutes ces données et à d’autres, et avec un petit coup de pouce de l’intelligence artificielle, les résultats sont là : « Quand on met tout dans un shaker et qu’on suit le troupeau, on peut moduler de 10 à 15 % l’efficience environnementale et la production de carbone », se réjouit M. Theron. De quoi dédiaboliser les bovins, qui ont justement leur rôle à jouer dans la préservation de l’environnement, « car ils permettent de préserver les puits de carbone que sont les prairies. Dès qu’on enlève les vaches, on s’aperçoit que ces terrains sont remplacés par du bâti. »

L’approche de cette spin-off de l’ULiège a en tout cas séduit nombre de spécialistes. Pour preuves, les levées de fonds réalisées avec succès, l’intégration de RumeXperts au sein de l’incubateur WSL, du réseau Trail reprenant les spécialistes en intelligence artificielle ou encore du Réseau Entreprendre de Wallonie, et même un prix prestigieux de « l’entreprise la plus durable. Et gagner un prix comme ça avec des vaches, c’est rare », conclut M. Theron.

Geoffrey Wolff

Source: https://www.sudinfo.be/id894284/article/2024-10-08/deux-veterinaires-liegeois-reduisent-lempreinte-carbone-des-vaches-grace-lia

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